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Par Tyron29 le 24 Janvier 2013 à 09:56
OBSERVATIONS ETRANGES EN PLEIN CIEL
Par Vincent Willaime
En septembre 1941, dans l’Océan indien, deux marins et un officier britannique qui se trouvaient sur le pont du S.S. Pulaski, un navire marchand polonais qui transportait des troupes britanniques, observèrent pendant une bonne heure un phénomène étrange. Une sphère de lumière verdâtre se déplaçait dans le ciel, environ deux fois plus petite que la pleine lune, telle qu’elle apparaissait aux trois hommes.
Le S.S. Pulaski, transporteur de troupes
L’année suivante, cette fois-ci se sont des équipages d’aviateurs qui rapportent de plus en plus d’observations similaires et surprenantes, de une, voire plusieurs boules lumineuses qui escortent ou suivent à distance leurs escadrilles de chasseurs ou de bombardiers, ou parfois même un appareil isolé. Les témoignages de certains équipages font même mention de véritables formations de ces boules lumineuses. Quelques pilotes affirment qu’une de ces choses aurait tenté de les percuter en leur fonçant droit dessus, avant de dévier brusquement de leur trajectoire au dernier moment. D’autres encore, de les abattre, ce qui s’avérait totalement impossible.
De tels rapports d’observations furent établis par des pilotes et des équipages aussi bien sur le théâtre d’opération européen que sur celui du Pacifique jusqu’à la fin de la guerre, et qu’ils soient britanniques, américains, allemands ou japonais, ils concordent tous. De jour, ces curieux et inquiétants objets volants sphériques ressemblaient à des petits globes métalliques. La nuit, ils brillaient avec des couleurs différentes, blanches, jaunes, oranges, ou rouge. Ces objets approchaient de près les avions, et les équipages cherchaient à les éviter, pensant qu’ils pouvaient exploser. Au moment des manœuvres d’évitement, les mystérieux objets suivaient le mouvement, continuant à suivre l’avion. Ils se comportaient comme s’ils étaient sous le contrôle d’une forme d’intelligence, se « jouant » des pilotes, mais ils se semblaient pas avoir de comportement agressif. En effet, ils apparaissaient et disparaissaient soudainement, sans raison apparente.
Voici un exemple de témoignages. Le 10 août 1944, au-dessus de l’Océan Indien, les copilotes d’un bombardier lourd B-29 Superfortress de l’U.S.A.F. ont rédigé ce compte-rendu :
« Un objet étrange nous suivait à environ 500 yards (475 m) au large de l’aile droite. A cette distance il apparaissait comme un objet sphérique, probablement de 5 ou 6 pieds (1 à 2 m) de diamètre, d’un rouge ou d’un orange très lumineux et intense il semblait avoir un effet de halo. Mon mitrailleur a rapporté qu’il est arrivé depuis une position à 5 heures (arrière droite) à notre niveau. Il semblait palpiter ou vibrer constamment. Supposant que c’était quelque objet radio-commandé envoyé pour nous repérer, j’ai effectué des manœuvres évasives, changeant constamment de direction, jusqu’à 90°, et d’une altitude d’environ 2000 pieds (600 m). Il a suivi chacune de nos manœuvres pendant environ 8 mn, tenant toujours une position à environ 500 yards et à environ 2 heures (avant droit) par rapport à l’avion. Quand il est parti, il a fait un virage brusque de 90°, accélérant rapidement, et a disparu dans la couverture nuageuse. » Extrait du livre de J. Clark & Lucius Farish : “The mysterious Foo Fighters of World War II “.
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PANIQUE A L’ETAT-MAJOR
La principale explication qui commence à circuler nerveusement aussi bien chez les Alliés que parmi les Forces de l’Axe est que ces sphères sont des prototypes d’armes secrètes testées par le camp d’en face. Les rapports sur des « boules transparentes métalliques et rougeoyantes inexplicables » ont afflué en grand nombre en juin 1944, au moment où les Alliés débarquaient en Normandie et où l’Allemagne nazie se mettait à envoyer ses fusées V-1 vers Londres, inaugurant par ce fait l’ère des missiles sans pilote. Les rapports se sont intensifiés en novembre 1944, peu de temps après que les premières fusées V-2 balistiques allemandes aient été tirées vers Londres et Paris. L’impressionnante réalité de ces fusées V-1 et V-2 a largement contribué à alimenter la rumeur courante à cette époque d’armes très avancées détenues par les Nazis, et beaucoup de personnes ont supposé que ces objets étaient un dispositif antiaérien ennemi expérimental et qui devait entrer bientôt dans sa phase opérationnelle.
Fusée V-2 sur son véhicule mobile de tir
Ces objets reçoivent toutes de sortes de noms, indiquant le manque de compréhension de leur nature et de leur origine. Le 27 novembre 1944, à la suite d’une nouvelle observation au-dessus de Spire, en Allemagne, le terme « foo fighter » est pour la première fois utilisé pour désigner le phénomène. Il serait entré dans le jargon militaire le soir du 27 novembre, lors du debriefing du 415ème escadron de chasseurs de nuit, basé à Dijon. Donald J. Meiers, l’un des opérateurs radar et amateur de la bande dessinée « Smokey Stover the Foo-Fighter », aurait jeté une de ces BD sur la table en s’écriant « it was another of those f*** foo fighter ! » (« C’était un autre de ces p*** de foo fighter ! »). Les pilotes Henry Giblin et Walter Cleary ont déclaré avoir été harcelé par « une énorme lumière brûlante » qui volait au-dessus de leur avion à environ 250 miles par heure, mais le radar du secteur a fait un rapport négatif car rien ne s’était enregistré sur l’écran.
L’expression « f*** foo fighter », qui désigne un style de pilotage imprévisible avec des manœuvres extrêmes et qui est spécifique à l’U.S.A.F., a été adoptée faute d’un meilleur terme pour nommer le phénomène, et a été raccourci de façon plus civile en « foo fighter » un mois plus tard par le journaliste Bob Wilson venu écrire un article sur le sujet.
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DES ARMES SECRETES ALLEMANDES ?
A l’époque des faits, on pensait donc naturellement aussi bien du côté Allié que du côté de l’Axe que ces sphères lumineuses étaient certainement des prototypes testés par l’adversaire. On y vit tout d’abord une sorte d’arme psychologique puisqu’elle ne semblait pas à priori offensive, mais à la fin de la seconde Guerre mondiale, l’accès aux archives des différents protagonistes invalida cette hypothèse : aucune armée engagée dans le conflit n’expérimenta de prototype d’appareil sphérique et lumineux, et aucun pays ne déclara en avoir été l’instigateur. Néanmoins, ce qui est curieux est que ces phénomènes étaient rarissimes avant 1943 et qu’ils disparurent quasiment à la fin des hostilités. L’armée américaine a toujours nié avoir eu connaissance de ce qu’étaient réellement les « foo fighters », et jusqu’en 1990, les demandes déposées par les enquêteurs pour demander des informations n’avaient mené à rien, la réponse officielle des autorités gouvernementales étant qu’elles n’en avaient jamais entendu parler !
Le Messerschmitt 163 Komet
On a parfois attribué une partie des observations de « foo fighters » à des possibles observations rapprochées de l’avion fusée allemand Messerschmitt 163 Komet, entré en service en 1944. Conçu en tant qu’intercepteur, le Me 163 affichait des performances en matière de vitesse ascensionnelle phénoménale pour son époque : il pouvait en effet atteindre l’altitude de 9000 m en deux minutes et demie ! Par contre son autonomie était limitée à environ 10 mn, et obligeait le pilote à rentrer généralement en planant. Cette hypothèse est rendue très peu plausible par le fait que l’appareil ne disposait que de quelques minutes d’autonomie, et qu’il n’était pas équipé pour le vol de nuit. Les autres engins allemands suspectés d’être derrière les témoignages de « foo fighters » et qui auraient pu tromper les pilotes incluent le Messerschmitt 262 Schwalbe, les surprenantes ailes à réaction Horten, ainsi que les V-1 et les V-2, mais aucune de ces inventions ne présente les caractéristiques associées au phénomène décrit et observé aussi bien par les aviateurs alliés, allemands, et même japonais.
Le Messerschmitt 262 Schwalbe et l’aile volante Horten
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LA THESE DE RENATO VASCO
Un des partisans les plus convaincus de l’hypothèse d’une arme secrète allemande est Renato Vasco, pour qui les « foo fighters » étaient bien une arme secrète nazie, comme l’avaient supposé les Alliés pendant la guerre, mais en aucun cas on ne peut la confondre avec une de celles qui sont habituellement retenues et relativement bien connues du grand public.
Pendant la guerre, Renato Vasco «était un jeune ingénieur en aéronautique, il a longuement étudié par la suite les armes secrètes allemandes, et ses recherches à propos des « foo fighters » confirment les observations notées dans le rapport de l’armée américaine retrouvé par Friedrich Georg. Après une longue enquête sur le terrain, il décrit cette dernière comme un genre de projectile radio-guidé tiré à l’aide d’une sorte de canon spécifique (des anciens membres de l’armée américaine, ainsi que parmi la communauté du renseignement, ont quelquefois parlé « d’un canon d’un modèle inconnu » tirant une « arme spéciale », et qui aurait été rapportée aux Etats-Unis après la guerre). Après avoir été guidé à partir du sol, un dispositif de repérage infra-rouge prenait le contrôle de façon automatique. La chaleur due à la rotation du turboréacteur circulaire créait un effet lumineux visible qui faisait ressembler l’objet à une boule de feu dans le ciel nocturne.
Les « foo fighters » auraient donc été une sorte de drone conçu pour suivre les avions ennemis, déconcentrer leurs pilotes, et éventuellement interférer avec le fonctionnement des radars et des moteurs. Mais l’existence d’une telle arme n’a jamais pu être prouvée, il semble malgré tout peu probable qu’elle ait pu être réalisée avec la technologie de l’époque, et la thèse de Renato Vasco a plus de détracteurs que de supporters.
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DES PHENOMENES NATURELS
Il semble donc hasardeux de conclure avec certitude sur l’existence d’une telle arme, fut-elle encore à l’état de prototype ou proche de son stade opérationnel. Il reste donc à trouver des explications plausibles, et les scientifiques ont d’abord cherché du côté des phénomènes naturels et ont évoqué plusieurs possibilités mais sans qu’aucune ne parvienne véritablement à convaincre qui que se soit.
Une hypothèse fréquemment avancées est celle de la foudre globulaire. C’est un phénomène météorologique rare qui se présente sous la forme d’une sphère lumineuse d’une vingtaine de centimètres de diamètre et qui peut apparaître au cours d’un orage. Les connaissances à sont sujet restent encore de nos jours vagues et son explication repose essentiellement sur des théories. Dans le même esprit, on a évoqué aussi les feux de Saint-Elme. Ce sont des phénomènes physiques connus depuis l’Antiquité, se produisant dans certaines conditions météorologiques, et qui se manifestent par des lueurs apparaissant aux extrémités des mâts des navires et des ailes des avions. Enfin, on a aussi parfois parlé d’un éventuel phénomène électromagnétique induit par la présence rapprochée des bombardiers. Mais aucune de ces hypothèses, reposant sur des phénomènes naturels déjà observés mais qu’on a du mal à comprendre, n’est satisfaisante, car elles n’expliquent pas les changements de cap ou le comportement « intelligent » des « foo fighters ».
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HALLUCINATIONS COLLECTIVES OU ILLUSIONS D’OPTIQUES ?
Lorsque les esprits scientifiques demeurent impuissants à fournir des explications rationnelles, il est souvent d’usage de se replier sur des certitudes et de dénigrer la valeur des témoignages. Le phénomène mystérieux qu’on est incapable d’expliquer n’existe tout simplement pas : vous avez rêvé, c’est tout ! Certains sceptiques ont alors parlé de cas d’hystérie collective des équipages, due au stress des missions de combat. Mais les chances que tout un équipage entier soit victime d’hallucinations collectives est très improbable, et quand toutes ces hallucinations se regroupent en un même et unique témoignage, alors cela relève d’avantage du paranormal que du possible. Et le fait que sur plusieurs années consécutives, de nombreux équipages différents de plusieurs nations auraient eu cette même hallucination collective invalide cette hypothèse. D’autres scientifiques ont parlé d’illusions d’optiques, vraisemblablement causées par la persistance rétinienne après l’exposition à la lumière des tirs d’artillerie des batteries DCA. Une autre étude menée en avril 1945 par le Dr Edgar Vinacke conclu un peu rapidement et de façon similaire sur le fait que les observations de « foo fighters » seraient provoquées par le « vertige de l’aviateur ».
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DES VISITEURS DE L’ESPACE ?
Au cours des dernières décennies, avec le développement de l’aviation, les témoignages se sont multipliés, et des pilotes civils ont pu observer ces boules lumineuses et établir des rapports similaires à ceux des pilotes de la Seconde Guerre mondiale. Puisque ni la nature ni l’homme, aussi bien par sa capacité à créer des choses réelles qu’à en inventer des imaginaires, ne semblent être la source de ce phénomène, c’est que l’explication vient peut-être…d’ailleurs ! de nos jours, les « foo fighters » sont fréquemment considérés comme une des plus anciennes manifestations du phénomène « OVNI ». Evidemment, l’hypothèse extraterrestre, retenue comme étant la plus probable maintenant que toutes les autres ont surtout démontré leur incapacité à donner des explications solides, ne va certainement pas faire l’unanimité d’elle-même, chaque camp ayant ses sceptiques.
50 ans après la fin de la Seconde Guerre mondiale, les témoignages des aviateurs ont été rendus publics et ont été consignés dans le Rapport Cometa, qui a été remis à Jacques Chirac et Lionel Jospin en 1999. La COMETA est un organisme très sérieux et qui étudie les conséquences des phénomènes de type OVNI dans le domaine de la Défense nationale. Le rapport conclu à « la réalité physique quasi-certaine d’objets volants totalement inconnus », et que « l’hypothèse extraterrestre est de loin la meilleure hypothèse scientifique ; elle n’est pas prouvée de façon catégorique, mais il existe en sa faveur de fortes présomptions, et si elle est exacte, elle est grosse de conséquences ».
LE MYSTERE DES « FOO FIGHTERS » RESTE ENTIER, MAIS NOUS VOILA PREVENUS !
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Source- Mondes Etranges HS N°3 Juillet 2011
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